Valoriser le travail des autres sans se l’approprier
Quand j’ai choisi de rédiger les numéros de mes webzines sur la cuisine indienne, puis coréenne, il m’a tout de suite semblé évident que je devais faire appel à des personnes dont c’était la culture afin de ne rien dénaturer, d’en apprendre plus et surtout de mettre en valeur une culture sans me l’approprier.
Grâce aux partages de Natasha Tourabi autrice française d’origine indienne et créatrice du blog Echos verts, mais aussi à ceux de Charlotte, du compte mangeuse d’herbes, créatrice de contenu afro-vegan qui communique régulièrement sur ces questions, j’ai pu me renseigner bien davantage sur cette notion d’appropriation culturelle, et comment, sans s’en rendre compte, on avait vite fait de prendre la place de personnes bien plus légitimes que nous, en communiquant sur des compétences, des savoirs qui ne sont pas nôtres, en s’appropriant des éléments culturels au prétexte d’une mondialisation des connaissances, sous forme « d’hommage » ou encore de simplification à outrance des cultures pour les faire coller à notre vision occidentale.
Je remercie Natasha d’avoir accepté de répondre à certaines questions, volontairement ouvertes, afin de continuer à se questionner ensemble.
Qu’est-ce que l’appropriation culturelle ?
L’appropriation culturelle implique l’usage d’éléments matériels ou immatériels d’une culture dominée. C’est une pratique intimement liée au colonialisme et au racisme puisque, le plus souvent, ce sont des personnes blanches qui continuent d’exploiter les savoirs et marqueurs culturels de peuples minorisés, à leur insu. Cette exploitation peut prendre différentes formes : usage de coiffes amérindiennes ou de sari en guise de déguisement, vente, par une marque française, de vêtements imprimés de motifs indigènes mexicains, création et mise en vente, par un chef anglais sans origine jamaïcaine, d’un riz jerk, etc.
Que ce soit à des fins esthétiques, de divertissement ou de profit personnel ou économique, l’appropriation culturelle nuit, d’une manière ou d’une autre, aux personnes dont la culture est exploitée : invisibilisation de ces dernières, limitation de leur accès à certaines sources de revenus, dénigrement de leurs connaissances, déformation d’éléments de leur culture, dépouillement du sens et de l’essence de ces derniers, etc.
Ainsi, l’appropriation culturelle renforce les inégalités raciales en dénigrant, offensant voire humiliant les personnes de groupes dominés. In fine, les personnes qui pratiquent quelque forme d’appropriation culturelle que ce soit en tirent des bénéfices (symboliques ou économiques) contrairement aux personnes à l’origine de ces éléments culturels.
Comment se traduit-elle dans le quotidien ?
L’appropriation culturelle est une pratique très insidieuse. Elle est si répandue et banalisée qu’on la reconnaît difficilement en tant que telle. Pourtant, les exemples du quotidien sont nombreux.
Le port des dreadlocks par des personnes non-noires et non-pratiquantes du rastafarisme en est un. En effet, cette coiffure est un marqueur symbolique propre au rastafarisme, un mouvement religieux, politique et culturel qui a pris racine en Jamaïque dans les années 1930. Il s’agit d’une idéologie afro-centrique qui s’est notamment développée en opposition à la culture coloniale britannique et à la conversion forcée des esclaves noir·es au christianisme.
Pour les rastafarien·nes, les dreadlocks font partie des différents marqueurs physiques qu’iels utilisent pour affirmer leur appartenance à ce mouvements religieux. Les dreadlocks symbolisent, entre autres, la force ainsi que le rejet des normes esthétiques de Babylone. Une personne non noire et non rastafarienne qui porte des dreadlocks dépouille cette coiffure de toute sa symbolique et manque ainsi de respect aux membres de ce mouvement religieux.
Dans un autre genre, citons l’exemple des symboles culturels ou religieux exploités par des marques de prêt-à-porter, d’accessoires ou de bijoux. J’ai récemment parlé sur mon blog d’une marque française qui s’est associée à une influenceuse blanche pour la création d’une collection de bijoux « inspirée du monde du yoga, de l’Inde et de ses divinités ».
Comme expliqué dans mon courrier adressé à la marque, « Ni le yoga ni l’Inde ni ses divinités ne sont des objets marketing. Il s’agit-là d’une pratique ancestrale et spirituelle, d’un pays aux multiples facettes et cultures et d’objets de cultes. ». Au-delà de la marchandisation de symboles spirituels, cette collaboration est un cas flagrant d’appropriation culturelle puisque financièrement elle profite uniquement à des personnes sans origines indiennes. Pourtant, la diaspora indienne compte des milliers de personne à travers la France dont des professeur·es de yoga avec qui la marque aurait pu s’associer pour la création de cette collection.
Dans ces deux cas, on parle d’éléments culturels riches en symbolique. Les dreadlocks comme la pratique du yoga et la vénération de divinités indiennes sont des marqueurs culturels que les rastafarien·nes comme les indien·nes ou les hindou·es ont utilisé/utilisent encore pour affirmer leur identité voire résister à l’oppression dont elles sont ou ont été victimes.
Comme l’explique l’anthropologue Rodney William, dans son essai L’appropriation culturelle, « lorsqu’on décontextualise certains éléments culturels et que l’on en sélectionne certains aspects pour la commercialisation ou le divertissement, on passe sous silence les persécutions subies et les luttes menées pour préserver ce patrimoine. ».
En effet, de nos jours encore, des rastafarien·nes sont stigmatisé·es pour leur apparence et à l’époque coloniale, des indien·nes ont dû lutter pour préserver leurs pratiques religieuses.
Comment différencier une appropriation culturelle d’un « hommage » à une autre culture ?
Rodney William affirme également ceci : « Ni la meilleure intention ni le plus sincère des hommages ne peuvent libérer du risque de pratiquer une appropriation culturelle. » J’ajouterais que cette volonté des individu·es de peuples dominants de « célébrer » ou « rendre hommage » aux cultures de peuples minorisés est très infantilisante : nous n’avons pas besoin des Blanc·hes pour faire honneur à nos cultures pillées, déformées et ridiculisées dans des sociétés (post-)coloniales, capitalistes et racistes.
Nous sommes tout à fait capables de le faire nous-mêmes ! Ainsi, comme le dit Rodney William « croire que le port d’un turban ou d’une coiffe de plumes est un hommage, penser que les Noir·es et les Autochtones vont se sentir flatté·es par des actions ou des gestes qui les déshumanisent, juger que l’on peut décider ce qui est le mieux pour un groupe auquel l’on n’appartient pas, ne fait que réitérer une idée de supériorité ».
Les personnes souhaitant utiliser des éléments de cultures dominées doivent impérativement se demander quelle est leur intention : qu’est-ce qui les motive à vouloir partager une recette de naan alors qu’elles n’ont aucune origine indienne, à vouloir devenir prof de yoga ou médecin ayurvédique alors qu’elles n’ont jamais mis les pieds en Inde, à vouloir créer des vêtements à partir de motifs indigènes de peuples avec qui elles n’ont jamais échangé, etc. ?
Dans la plupart des cas d’appropriations culturelles, les personnes exploitant des éléments de cultures dominées s’intéressent davantage à leurs productions matérielles plutôt qu’aux humain·es qui font vivre ces cultures… Ainsi, des éléments culturels sont transformés en marchandises et dépouillés non seulement de leur symbolique mais aussi de leur humanité.
Dans le monde culinaire, les propositions de cuisine du monde sont fréquemment rédigées par des personnes non issues de cette culture. À quel moment parle-t-on d’appropriation ou de partage ?
C’est effectivement une pratique très courante, aussi bien sur les sites que sur les blogs et les réseaux sociaux que dans les livres et les magazines culinaires. Sans parler des restaurants ! Nombreux·ses sont les chef·fes et créateur·rices culinaires blanches qui s’approprient des recettes de dal, de fallafels ou encore de phó et qui se positionnent en tant qu’expert·es de ces cuisines, déforment l’essence de certains plats en omettant des ingrédients ou en dénigrant certaines techniques, et gagnent en popularité, en visibilité et/ou en clientèle à une époque où les recettes « du monde » ont le vent en poupe…
La seule manière de partager des recettes ou de proposer un menu incluant des recettes de cultures dominées sans verser dans l’appropriation culturelle, c’est de s’associer avec des personnes originaires de la culture dont on souhaite mettre la cuisine en avant. En se décentrant ainsi, on participe à la valorisation de leurs savoirs et la rétribution de leur travail.
Quelles sont les ressources que tu recommandes aux personnes qui souhaitent approfondir le sujet ?
À travers mes réponses, je n’ai fait que survoler le vaste et complexe sujet de l’appropriation culturelle. J’invite donc vivement les personnes qui souhaitent se sensibiliser à cette problématique à explorer d’autres ressources. Voici une liste non-exhaustive de lectures, de podcasts et de vidéos qui vous permettront de mieux comprendre les implications et conséquences de l’appropriation culturelle dans différents contextes et pour différentes populations :
Lectures
- « Appropriation culturelle en cuisine » – article inclus dans le premier numéro de mon webzine « Cardamome & Curcuma »
- « Appropriation culturelle : comment la définir et pourquoi s’en préoccuper ? » – article de BBC News
- « L’appropriation culturelle dans la mode » – article du blog We Dress Fair
- L’appropriation culturelle (Éditions Anacaona, 2020), essai de Rodney William
- Qu’est-ce que l’appropriation culturelle ? – dossier rédigé par Rodney William
Podcasts et vidéos
- Podcast Kiffe Ta Race épisode #23 – Appropriation culturelle, le racisme l’air de rien
- Podcast Kiffe Ta Race épisode #25 – Nos corps appropriés
- Podcast Kiffe Ta Race episode #35 – Nos musiques appropriées
- Podcast On s’appelle et on déjeune – L’appropriation culturelle s’invite en cuisine
- Podcast Bouffons épisode #118 – Pour en finir avec le véganisme blanc
- Podcast The Good Goods – L’appropriation culturelle – Clémence de Keyholes and Snapshot
- Vidéo – conférence – Appropriation culturelle, les enjeux d’une lutte
Après la lecture du webzine de Natasha, après avoir écouté des podcasts sur le sujet, j’ai pu mettre en lumière de nombreuses indélicatesses de ma part en cuisine au fil des ans. La plus importante étant sans doute de nommer un plat que j’ai (parfois largement) simplifié par son nom d’origine. Je pense au dhal en premier lieu, mais il y en a sans doute eu d’autres. Au delà de l’aspect (complètement normal) de vouloir adapter des recettes du monde à notre mode de vie et à nos façon de cuisiner, on peut tout à fait le faire en renommant le plat et en précisant l’inspiration dès qu’on le partage.
Modifier une recette, c’est la base de la cuisine. C’est grâce à de nombreuses influences croisées que l’on connaît une telle richesse et une telle variété gastronomique mondiale. Se rappeler néanmoins les fondamentaux, et les nommer, c’est une façon simple de respecter les traditions et cultures d’autres pays dominés sans les invisibiliser encore plus.
Que pensez-vous de ce sujet ?
Bonjour Mélanie,
Merci pour cet article très intéressant. je vais creusé le sujet avec l’article du webzine de Natasha.
Je suis contente d’en apprendre un peu plus sur le sujet afin d’éviter des impaires et d’avancer vers un monde plus juste pour tout le monde.
Bonjour Mélanie, merci pour cet article très intéressant qui m’a fait découvrir cette notion que j’ignorais jusque là complètement. J’ai reçu à Noel le très chouette livre de Tania de Montaigne « Noire, la vie méconnue de Claudette Colvin » suivi de « L’assignation, les Noirs n’existent pas ». Il y est justement question d’appropriation culturelle dans un des chapitres, et j’y ai tout de suite vu un écho à ton article. Tania de Montaigne récuse ce concept délicat. Elle part de l’exemple des tresses de Katy Perry qui s’est publiquement excusée par la suite, après avoir été instruite par son amie « Noire » des sous-entendus de son acte. Pour Tania de Montaigne l’appropriation culturelle participe de l’assignation, enfermer les gens dans des critères de sexes ou de race. Comme elle le dit la culture se fait alors clôture pour délimiter les espaces des uns et des autres. Bref sans être spécialiste du sujet j’ai trouvé sa réflexion pertinente et cet ouvrage tout court (disponible en poche) sur le racisme passionnant.
Anne
Bonjour,
Ton commentaire rejoint une réponse que j’ai faite plus haut. Ce questionnement est très intéressant et effectivement il peut y avoir une limite très flou entre l’enfermement et la non-appropriation. Cependant, je pose la limite dans le fait de sélectionner uniquement ce qui nous arrange d’une culture dominée, ou qui l’a été, et de rejeter le reste ou de le moquer. C’est bien la définition d’ailleurs de l’appropriation : des traits caractéristiques qui sont « tendances » aujourd’hui alors qu’elles sont ouvertement moquées / décriées chez les personnes initialement concernées.
Je me note la référence pour creuser la question car ce n’est définitivement pas un sujet simple !
Merci à vous deux pour cet article très clair et éclairant. C’était vraiment très intéressant à lire et soulève des questions importantes! Bonne journée,
Estelle
Très contente que le sujet t’ai plu Estelle, merci !
J’en pense que j’ai envie de te dire merci !!
Merci pour ce bon rappel, pour cet article informatif avec des références pour pousser plus loin. Bravo à toi de t’être remise en question aussi !
Merci pour ton retour, c’est super important de questionner son mode de pensée et ses pratiques pour avancer 🙂
Bonjour et merci Mélanie pour cette interview, qui clarifie bien l’appropriation culturelle par une personne apparemment concernée voire victime des effets pervers de ce concept.
J’aurais vraiment bien aimé connaître son positionnement face à celui de « créolisation », concept lui-même théorisé par une personne incarnant une minorité racisée, et qui semble d’une certaine façon prôner l’exact contraire. 🙂
Bonjour Cath,
je ne connais pas du tout ce concept, je me renseignerai. Mais si je m’en tiens à ce que je comprends du mot, il y a une différence en éviter de s’approprier une culture dominée et à l’inverse enfermer les gens dedans 🙂
Moi je me demande si en tant que Bretonne tu as le droit d’utiliser la locution latine « in fine ».
(déjà, j’espère très fort que tu la prononces bien « ine finé » et non pas « ine faïne » comme mon ex chef).
Blague à part, grâce à toi, je suis contente d’avancer toujours un peu plus dans mes réflexions et mes connaissances.
Gratitude for life du coup !
Et merci !
Hello! Je trouve cet article assez intéressant et il résume bien la thématique.
Après quid de tous les resto « japonais » qui font des « sushis » très différents des sushis du Japon et des brochettes boeuf fromage qui n’existe même pas au Japon ? Ces derniers sont presque exclusivement tenus par des chinois. Qui font clairement un business autours d’un truc qui n’est pas a eux de base et le déforme. Pourtant ils ne sont pas blancs et la Chine n’a jamais dominé le Japon. Le fait de prendre un truc cool (ici le sushi) pour le modifier et le commercialisé n’est il pas un peu le propre d’un buisness ? Surtout a l’heure de la mondialisation ? Si on part du principe que c’est que parce que le peuple est ou été opprimé, j’aurai le droit d’ouvrir un resto de sushi ou d’écrire des mangas (propre a la culture japonaise de base) mais pas d’ouvrir un resto de naan ou de devenir prof de yoga ? Et dans le du resto a sushi, est ce que si moi j’ouvre un resto c’est pire que quand se sont des chinois qui l’ouvrent parce que je suis blanche ?
Bonne journée !
Bonjour Claire,
Même si je vois ce que tu veux dire, je pense que ce raisonnement ne sert qu’à éviter de faire face à ce qu’est réellement l’appropriation culturelle. Le propre d’un business, c’est de faire du chiffre. Ce n’est pas pour cette raison que ça doit se faire sans éthique.
Il y a des tas d’exemples de mondialisation de la culture qui ne sont pas de l’appropriation (on mange des burgers, des pizzas, etc, ça n’a rien à voir avec des symboles que l’on a sélectionné au détriment d’autres car ils sont bankables par exemple), cela n’empêche pas d’être vigilant.e quand c’est le cas et de se poser les questions que Natasha a listé, qui sont très pertinentes.
Bon week-end !
Mélanie
Bonsoir, je me permets à nouveau un petit complément : je crois que l’un des enjeux est également que certains traits ou objets vont être dénigrés et dévalorisés lorsqu’ils sont produits par des personnes racialisés et minorisées, alors que ces mêmes objets vont reprendre de la valeur lorsque des personnes blanches le font. Les exemples sont innombrables en cuisine, notamment dans la restauration – je pense par exemple aux restaurants chinois en France, peu valorisés, alors que des chaînes de dim sum lancées par des start uper blancs vont vendre des produits de même qualité cinq fois plus chère…
Bonjour,
Je suis tout-à-fait d’accord dans l’ensemble mais pour en revenir aux cheveux, ne voit-on pas beaucoup de personnes asiatiques ou africaines se teindrent en blond viking ? S’agit-il aussi d’une appropriation ou bien l’appropriation n’est-elle que le fait de »Blancs » ?
Bonjour Joëlle,
Comme l’explique bien Natasha, on parle d’appropriation quand il s’agit de détourner des symboles d’une culture qui est, ou a été, opprimée. Il s’agit d’un choix sélectif dans une culture, que l’on va mettre en avant pour en retirer un bénéfice économique ou une renommée certaine, alors que le reste va être méprisé ou même simplement ignoré.
Donc ça n’a rien à voir avec le fait de se teindre les cheveux par exemple, ou de manger des plats indiens dans son domicile.
J’espère que c’est plus clair ainsi ?
Mélanie
Bien, alors maintenant que c’est plus clair pour moi, je crois que le vrai débat se trouve être que plus personne ne cherche à connaitre réellement tout ce qui nous entoure et son histoire. Que tout un chacun avale goulument n’importe quel concept – culinaire ou autre – sans jamais faire une recherche pour en connaitre l’origine. La faute n’est pas seulement celle des grandes compagnies, c’et également la nôtre. Un exemple n’ayant rien à voir ; toutes les personnes (j’en faisais partie) utilisant des produits de maquillage brillants ont-elles cherché à savoir comment et par qui est récolté le mica (petites particules brillantes) ?
Bonjour,
Merci pour cet article très instructif.
Une question me turlupine, on parle beaucoup d’appropriation culturelle pour les blogeureuses blanc·hes qui font des recettes d’autres cultures. Mais pour les cuisiniers du dimanche, est ce que si je cuisine un dhal je fais de l’appropriation culturelle ? Et si non, pourquoi ? Faut il arrêter de cuisiner des dhals etc ?
Bonjour,
Non, pas du tout ! À titre individuel, ses actions ne correspondent pas à de l’appropriation car on en tire aucun bénéficie (argent, renommée ou autre). C’est au contraire ce qui est formidable dans la cuisine (et tant d’autres arts) : elle doit circuler et être partagée ! Mais effectivement, il me semble désormais plus logique de laisser les personnes concernées faire la promotion de leur savoir (ce qui n’a rien à voir avec ce que l’on fait chez nous, pour nous).
Hello Mélanie, merci pour cette ressource. Je trouve ça super que tu utilises ton blog pour mettre en lumière ce genre de concepts.
Personnellement, je suis aussi très attentive à la question de l’appropriation culturelle, tout en étant prudente sur certains aspects, notamment à la question de l’essentialisation (ne pas figer les personnes dans une culture spécifique et supposer que parce que tu es d’origine indienne, tu vas être spécialiste des naans), mais aussi à bien ramener la chose à sa dimension systémique : déjà, inscrite dans des dynamiques entre des territoires (la question du yoga en Grande-Bretagne n’est pas la même que celle en France), mais aussi intrinsèquement liée au capitalisme et qui dépasse l’échelle individuelle. Pour moi, ça n’est pas la même chose de se coiffer d’une certaine manière si l’on est M. Quidam que si l’on en retire un bénéfice matériel ou symbolique (au travers d’une marque, des rétributions sociales, bref, si l’on en tire un profit). C’est d’ailleurs bien rappelé dans le super épisode de Kiffe ta race sur le sujet. Enfin, tout n’est pas interchangeables. Par exemple, la question de la pratique du yoga, qui a une vocation première d’être enseignée, partagée, et de circuler, est différente de l’appropriation d’une coiffe indigène. En revanche, je vais être spécialement attentive à certains aspects quand je cherche un.e prof, notamment le fait que le cours soit accessible matériellement (proposition de cours gratuits ou à bas coût pour les personnes qui ont peu de moyens) et qu’il y ait un respect des principes philosophiques du yoga, etc.
Bonjour Louise,
C’est important pour moi aussi que cette plateforme soit utile dans d’autres domaines, même si j’ai tendance désormais à proposer ces interviews dans mon webzine.
C’est intéressant la notion d’essentialisation que tu soulèves, effectivement, on aurait aussi dans le sens inverse tendance à étiqueter très vite une culture, d’autant qu’en Occident on ne connaît qu’une infime partie de la culture des autres et souvent la plus folklorique…
D’autres parts, je pense aussi que à titre individuel et sans volonté aucune de s’accaparer un savoir ou une coutume pour en tirer un quelconque bénéfice, on ne peut pas parler d’appropriation, pas dans le sens ou on exploiterait une culture dominée (ou qui l’a été).
Merci pour ton retour très intéressant qui permet d’aller plus loin.
Bon week-end,
Mélanie
C’était hyper intéressant, merci Mélanie et merci Natasha. J’ai commis aussi de nombreuses indélicatesses et je vais réfléchir à tout cela.
Merci Pauline pour ton message, c’est important de se remettre en question, surtout dans le milieu dans lequel nous baignons !
Bises !
Super article ! C’est intéressant de questionner et ce système d’interview est plaisant et riche à lire.
Merci.
Merci beaucoup pour ton retour, oui je trouve aussi que c’est toujours une bonne chose que de savoir se remettre en question, et les entretiens sont toujours riches pour ça !
Bon week-end
Merci beaucoup pour ce partage un peu différent de d’habitude. C’est très riche et instructif.
Cet été j’ai refusé d’emmener mes enfants dans un parc d’attractions (OK Corral pour ne pas le citer). Franchement? Un business autour des cow-boys et des indiens en 2022 on en est encore là??
En revanche, ce sujet est tout de même complexe. Il me reste encore des interrogations pour bien l’appréhender, je suis donc super contente de trouver toutes ces sources que cite Natasha. Par exemple, certaines tresses, comme la plus connue nommée « tresse africaine » est-ce maladroit d’en faire à nos enfants?
je ne sais pas si ce n’est pas une simple appellation : je ne vis pas en France et là où je vis, cette tresse est nommée « tresse française ». Et c’est la même tresse !
Bonjour Lucile,
Moi aussi, j’ai toujours connue cette appellation !
Bonjour Coraline,
Ma maman était coiffeuse et c’est une tresse qu’elle appelait aussi tresse française.
Pour le coup, je ne pense pas que ce soit maladroit non !
Et alors, mon dieu, je ne savais pas qu’un tel parc d’attraction existait, c’est scandaleux !